#Restonsdebout, et unis !

Pourquoi ce communiqué ?

Par ce communiqué, la Ligue de l’enseignement – FOL37 a souhaité adresser un message à son réseau, à ses partenaires, pour leur assurer de notre mobilisation d’aujourd’hui et de demain.

Parce qu’il est le fruit d’une écriture collective, parce que ce que nous vivons nous affecte toutes et tous individuellement, il n’est pas seulement signé par la personne morale qu’est la Ligue FOL37, mais par les élu.es, les salarié.es et toutes personnes le souhaitant.

Ce communiqué fait suite au premier intitulé “Restezchezvous, mais debout” et appelle à se mobiliser aux côtés des associations pour les soutenir dans cette épreuve qui bien malheureusement ne fait que commencer.

Ci-dessous, les premiers signataires

Joël PAIRIS, Bernard PASCAUD, Stéphane BUE, Yoann GARREAU, Julien COURTES, François TESTU, Nora PRIMUS, Eva GARNIER, Melpomeni PAPADOPOULOU, Antoine SUTER, Pierre LEBLEU, Gilles MOINDROT, Anne-Virginie BROTONS, François BELSOEUR, l’équipe de LIVRE PASSERELLE, Zohra KHANE, Charlotte CARRE, Alexandra LATAPY, Sabrina LEPROULT, Pierre TAPIN, Jean-Michel PRADAL, Xavier COUDREAU, Marie PARAT, Aurélie BRUNET, Sarah FALCONNET

L’opinion publique n’a de cesse de renouveler sa gratitude à ceux qui œuvrent dans la crise. Le monde associatif en fait pleinement partie, car il est l’artisan du lien social qui donne corps et visage à notre société.

Il réunit le peuple et l’engage à aller vers l’autre. Les nombreuses initiatives auxquelles nous sommes témoins durant ce confinement en sont la démonstration.

La crise que nous affrontons expose avec gravité les inégalités, les fractures de notre société. Peut-être pire encore, de façon implicite, elle crédite la tentation de la peur de l’autre, effet pervers de la distanciation sociale et de la stigmatisation de ceux confrontés à la maladie. Restez debout, c’est faire acte de résistance, disions-nous. Pour sûr, nous ne résisterons à rien si nous sommes à genoux.

Pour que les associations puissent surpasser cette crise, pour qu’elles puissent être au rendez-vous de la réinvention de notre société appelé de ses voeux par le Président de la République, adhérents, bénévoles, volontaires, usagers, professionnels et partenaires publics et privés, nous devons rester unis.

Car nous voici associations affaiblies.

Parce qu’une grande partie des activités associatives se sont arrêtées avec le confinement.

Nombre d’accueils de loisirs sont fermés, nombre d’associations culturelles ont déprogrammé leurs événements, nombre de clubs sportifs ont suspendu leurs manifestations. Leurs budgets sont fortement ébranlés. L’absence de prestations, de ventes, annihilent leur capacité d’autofinancement. Nombreuses sont celles à recourir à l’activité partielle lorsqu’elles sont employeuses, mais le delta des salaires à maintenir et les incertitudes sur le maintien de ces dispositifs pèsent sur l’économie des associations. Pour elles comme pour beaucoup d’autres, l’impact est rude et les séquelles seront lourdes.

Parce que le principe même du confinement a mis à mal la capacité mobilisatrice des associations.

Ce mécanisme s’est enrayé au moment même où chacun fut invité à rester chez soi. Et la relance de la dynamique bénévole pourra difficilement compter sur la grande ressource que constitue le public sénior en terme de bénévolat, au moment du déconfinement.

Et pour complexifier encore un peu plus ce renouveau de la capacité mobilisatrice, les associations auront à composer avec des liens entre adhérents et avec le public qui se sont distendus voir rompus. Au-delà des projets et des activités, la vie associative repose sur le lien social, le plaisir de se rencontrer, de faire ensemble, de faire un pas de côté, à distance de son quotidien au service du collectif, de l’intérêt général. C’est tout ce qu’il faut retrouver, et c’est tout ce qui prendra du temps.

Car nous voici associations exposées.

A l’heure où se prépare l’amorce d’un déconfinement, l’inquiétude grandit dans les rangs associatifs. Par principe toujours, tous les engagements pris avant le confinement en terme d’activités ne pourront honnêtement se tenir. Personne d’autre que le covid-19 en est responsable.

Pour autant, certains acteurs publics et privés pourraient être tentés d’ajuster leur soutien financier au prorata de ce qui aura été réalisé. Mais est-ce solidaire des dommages collatéraux et des charges incompressibles des associations ? Faire moins mais faire mieux ou différemment n’est pas plus économe !

Pour autant, tout adhérent pourrait considérer qu’il ne retrouve pas en terme de service offert par l’association la contrepartie de son adhésion ou de sa licence. Mais adhère-t-on à une association pour acheter un service ou par volonté de partager une idée, un projet, un engagement commun ?

Enfin, notre société a ceci de fantastique que par notre liberté à nous associer, nous disposons d’une très grande diversité associative, petite ou grosse association, acteur bénévole ou salarié, etc. De fait, la capacité d’adaptation face aux conséquences et enjeux immédiats de cette crise n’est pas égale quelle que soit l’association.

Il ne faut surtout pas séparer les bons des mauvais élèves, ceux qui ont pu innover de ceux qui n’en avaient pas les ressources, au risque sinon d’écarter plus encore des associations et de précipiter leur déclin. Cette sensation de concurrence mortifère est encore accentuée par l’idée que nous ne soyons utiles à l’action publique que pour agir en tant que prestataire efficace en situation d’urgence. Et situation d’urgence il y a.

Adhérents, bénévoles, volontaires, usagers, professionnels , partenaires publics et privés, restons unis derrière l’idée que toutes les associations méritent de rester debout.

Car nous voici associations inquiètes.

Si nous avons su résister à cette première vague, il n’est pas certain que nous résisterons à une 2ème voire à une 3ème. La santé, mentale, humaine, sociale et financière des associations est déjà affectée profondément. Une deuxième période de confinement pourrait avoir raison de celles, associations, qui ont pu franchir cette crête aux coûts de trop grands sacrifices. Quant au troisième assaut, il est bien moins sanitaire qu’économique. Le pays entre en récession, le déficit public se creuse de façon vertigineuse. Si les associations sont “soumises” à contribution une fois de plus à l’effort d’économie des finances publiques, ce n’est pas une contraction de l’action associative qui sera constatée, c’est une extinction massive et douloureuse de pans entiers du secteur associatif, rendant orphelin le peuple français des associations qu’il encensait et offrant au secteur marchand le soin de commercialiser feu notre machine à tisser le lien social français.

Durant cette période, les associations font preuve de résilience, et la société découvre avec intérêt et respect les nombreuses initiatives solidaires dans les quartiers populaires et ailleurs, les dynamiques de convergence et de mutualisation renforcée qui sont déjà en cours. Face aux besoins, les associations ont mis en place une adaptation énergivore et pouvant renvoyer le message de toujours être capables de tout avec rien.

Adhérents, bénévoles, volontaires, usagers, professionnels, partenaires publics et privés, restons unis derrière l’idée que l’avenir ne peut se penser sans une contribution forte de nous, associations, à l’intérêt général, aux côtés de vous, acteurs publics.

Mais nous demeurons déterminés

Sans amorcer à ce stade une lecture fine des enseignements de cette crise sanitaire et sociale, nous comprenons tous qu’il nous est impossible de nous passer de fraternité, que nous n’entendons pas sacrifier nos libertés et que nous renoncerons pas à notre devoir d’égalité. Et pour compléter ce “portrait de Marianne”, nous avons besoin de plus de proximité. Ces grandes lignes confortent le rôle indispensable que devront jouer les associations dans ce travail de reconstruction.

Parce qu’il s’agit de notre identité profonde, nous comptons être au rendez-vous et attendons de l’Etat et des collectivités locales qu’elles nous reconnaissent comme indispensables à l’effort de la nation pour réinventer notre société, sous l’œil vigilant des fondateurs de notre démocratie.

Contact en charge du dossier : Yoann Garreau, délégué général, ygarreau@fol37.org